Dans la vie des jeunes, les enseignant·es et éducateur·ices sont parfois amené·es à jouer un rôle important. Iels peuvent faire en sorte que les jeunes se sentent respecté·es et écouté·es. En créant un environnement où les élèves se sentent inclus·es et en sécurité, iels contribuent significativement à renforcer l'estime de soi des jeunes tout au long de leur vie.
La première étape d’un accompagnement inclusif des personnes intersexuées est de s’informer en consultant des ressources créées par des personnes concernées. Cet accompagnement implique de remettre en question ses propres préjugés et connaissances concernant la binarité des sexes et de reconnaître que nous évoluons toustes dans une société structurée autour des identités hétérosexuelles et cisgenres, dans laquelle l’existence des personnes intersexuées a été systématiquement effacée.
Il est important de comprendre que l’intersexuation n’est pas une identité de genre ou une orientation romantique et sexuelle. Les personnes intersexuées ont des expériences variées mais spécifiques, souvent distinctes du reste de la communauté LGBTQIA+. Leur expérience de marginalisation due à l’endosexenormativité et l’interphobie les rend particulièrement vulnérables à l’isolation sociale et la manipulation.
Pour encadrer efficacement les jeunes intersexué·es à l'école, il est primordial de créer un environnement où les discriminations ne sont pas tolérées, et que cela soit clair pour toustes les participant·es avant qu’une discrimination ne puisse se produire. Si une discrimination a lieu, il faut nommer la situation discriminante et prendre des mesures appropriées, y compris des sanctions si nécessaire. Une vigilance particulière doit être accordée aux situations de harcèlement entre élèves.
Face à un·e jeune intersexué·e, adoptez une attitude d'écoute active. Ne faites pas de suppositions basées sur les caractères sexués visibles de la personne : écoutez la manière dont elle parle d’elle-même pour savoir comment elle souhaite être genrée. Ne posez pas de question liée à l’intimité de la personne et respectez sa vie privée. En général, ne mentionnez l’intersexuation d’une personne que si cela est pertinent. Encouragez les élèves à exprimer leurs préférences et respectez les.
Même si toustes les professeur·es n'ont pas toujours la possibilité d’aborder le sujet des genres et des sexes avec leurs élèves, il est important de reconnaître que ces deux notions sont distinctes. Lorsque c'est possible, sensibilisez les élèves à la diversité des sexes et des genres, tant sur le plan scientifique que culturel, pour que les enfants intersexué·es se sentent plus à l'aise et inclus·es dans la classe.
L'utilisation d'un langage inclusif et non sexiste permet de créer un environnement respectueux et confortable pour chacun·e. Les cours de biologie et/ou les animations EVRAS, souvent le premier lieu d'apprentissage sur la santé reproductive et le corps humain, devraient inclure les réalités des personnes intersexuées. En les excluant de ces conversations, on les invisibilise, renforçant ainsi leur exclusion sociale.
Certains termes sont à éviter lorsqu’on parle de corps et de sexes : “intersexualité” et “hermaphrodisme” sont des termes désuets qui peuvent être considérés comme péjoratifs. Évitez d’utiliser des expressions comme “fille ou garçon normal·e”, ou toute autre façon d’accentuer la marginalisation des personnes intersexuées. Évitez également de faire des généralisations comme “tous les garçons ont telle caractéristique sexuée”, préférez des termes comme “la plupart” ou “certain·es”. Préférez les termes inclusifs pour les produits corporels, comme par exemple “produits menstruels”. En général, adoptez un langage inclusif et respectueux de la diversité des corps.
Enfin, respectez la vie privée de vos élèves : si le sujet des intersexuations est abordé en classe, ne mettez pas la pression sur vos/votre élève intersexué·e(s) pour qu’iel(s) discute(nt) de sa/leur variation en classe. Ce n'est pas sa/leur responsabilité d'éduquer les autres sur les questions liées à l'intersexuation : celle-ci revient aux enseignant·es. Evitez de faire des élèves intersexué·es des objets d'enseignement sans leur consentement. Cependant, si un·e élève intersexué·e souhaite parler de son intersexuation avec ses pair·es, il est important d'écouter ses idées et de créer un espace pour qu'iel puisse partager ses connaissances.
Si vous vous trouvez dans une situation où vos connaissances sur les intersexuations sont insuffisantes, il est important de l’admettre et de chercher d’autres (personnes) ressources afin de venir en aide aux jeunes intersexué·es, pour éviter de les mettre en danger. N’hésitez pas, le cas échéant, à faire appel à des associations de personnes intersexes pour organiser une intervention en classe ou pour vous former. Vous pouvez consulter la Cartographie des activités ou contacter info@pratiq.be pour obtenir plus d'informations sur les formations disponibles. De nombreuses ressources sont également accessibles sur notre site.
Callens, Motmans & Longman, Onderzoekscentrum voor Cultuur en Gender, Universiteit Gent (2017), IDEMinfo.be
InterACT (2018), What We Wish Our Teachers Knew