Vous vous posez des questions sur vos orientations sexuelles et romantiques ou votre identité de genre ? Vous ne savez pas où vous situer parmi tous les termes disponibles ? Vous ne vous sentez pas entièrement légitime de revendiquer une identité queer, même si le terme semble vous convenir ?
Si vous vous posez des questions sur votre identité, la première chose à faire est de respirer. Prenez votre temps. Un parcours de questionnement ne devrait pas être une course contre la montre ou une source d’anxiété. Il s’agit d’une opportunité d’en apprendre plus sur vous-mêmes et de trouver une place qui vous convient dans le monde.
Vous ne devez à personne de vous définir, et certainement pas de manière précise ou immédiate. Il est tout à fait acceptable de ne pas être certain·e de qui on est et d’exprimer cette incertitude. Si vous avez peur que vos sentiments actuels ne soient que passagers, sachez que cela ne vous enlève en rien le droit de passer par cette étape de questionnement. Même si vous finissez par vous identifier comme une personne hétérosexuelle et cisgenre, passer par un questionnement vous aura permis de tracer concrètement les contours de cette identification et d’en apprendre plus sur les personnes et communautés LGBTQIA+. C’est un parcours qui peut être positif même s’il n’aboutit pas à une identification queer.
Si de plus en plus de personnes acceptent que le genre et la sexualité sont des concepts fluides et difficiles à appréhender, ce n’est pas le cas de tout le monde. Certain·es dans votre entourage pourraient ne pas être prêt·es à vous accompagner dans votre période de questionnement. Il peut être très positif de parler de vos sentiments à quelqu’un, afin qu’iel vous aide à clarifier ce que vous pensez, ou simplement afin d’obtenir une validation externe. Cependant, faites attention à ne vous confier qu’à des personnes en qui vous avez pleinement confiance. Certain·es pourront plus facilement accepter un coming-out clair que l’admission d’un questionnement, parce qu’iels risqueraient de voir celui-ci comme une opportunité de vous convaincre de votre propre hétérosexualité et/ou identité cisgenre.
Vous pouvez également contacter nos associations pour discuter de manière anonyme de votre questionnement avec une personne de confiance. Cela peut être une très bonne manière de se sentir accompagné·e et en sécurité dans son questionnement.
Si, suite à une période de questionnement, vous souhaitez poser un terme précis sur votre identité, il peut parfois être difficile de trouver le mot qui correspond. Notre glossaire reprend de nombreux termes et définitions pour vous aiguiller dans votre recherche. Les articles Concepts sur les différents systèmes de normes à l'oeuvre dans notre société vous aideront peut-être à clarifier vos réflexions. En outre, le Wiki LGBTQIA FR recense plusieurs centaines de termes, parfois extrêmement spécifiques : c’est un outil utile si vous voulez définir vos ressentis de la manière la plus précise possible, mais il est facile de s’y perdre. Vous pouvez également vous raccrocher à un terme plus large.
C’est d’ailleurs là une des utilités du terme queer, qui permet de donner un nom à son identité et potentiellement de se construire une communauté de pairs. En même temps, il permet de ne pas se sentir enfermé dans un cadre trop précis et bien défini et de laisser place à un questionnement continu et à la fluidité des expériences.
“Est-ce que j’ai le droit, moi, de me revendiquer queer ?” C’est une question que beaucoup de personnes se posent. Le terme queer est par essence inclusif et se veut donc ouvert à toute personne qui sort des normes cis-hétéro-dyadiques et qui éprouve la nécessité de s’y raccrocher. Cependant, tout le monde n’est pas d’accord avec ce principe.
Certain·es souhaitent limiter le champ d’application du terme queer à des personnes unies par l’expérience d’une oppression commune. C’est un argument qui a par exemple été utilisé par certains groupes souhaitant exclure les communautés asexuelles et aromantiques des communautés dites “LGBT” ou queer. Il parait pourtant difficile de comparer les oppressions vécues par chacun·e même au sein de cette "communauté LGBT”. Par ailleurs, les personnes aromantiques et asexuelles font face à des injonctions à l’hétéronormativité similaires aux personnes lesbiennes, gays ou bies. De nombreuses personnes font par ailleurs parties de plusieurs identités LGBTQIA+ à la fois et voient à travers le terme queer une façon de relier toutes ces expériences l’une à l’autre. Il semble donc plus pertinent d’ouvrir ce terme à toute personne qui ne se retrouve pas dans les normes liées au genre, à la sexualité et aux caractéristiques sexuées, plutôt que d’en tracer une définition trop stricte.
Une autre raison de se sentir illégitime à s’identifier comme queer vient plutôt de facteurs internes. Elle se manifeste souvent par le sentiment de n’être “pas assez” quelque chose que pour s’identifier comme queer, “pas assez queer” que pour pouvoir revendiquer ce terme. Nous rappelons donc qu’il n’y a pas de conditions minimales pour s’identifier comme queer. Toute personne sortant des normes cis-hétéro-dyadiques est libre de s’identifier comme tel·le (ou pas). Certaines personnes portent leur identité queer de manière visible et revendicatrice, d’autre pas, mais chacun·e est légitime. De même, il n’existe pas de codes auxquels vous êtes obligé·es de répondre avant de pouvoir revendiquer votre identité. Pas de règles vestimentaires, pas d’affiliation politique nécessaire, pas de niveau de militantisme à devoir atteindre, ... Si le terme queer vous parle, nous vous invitons à l’enfiler, à l’essayer, à le réinventer. Après tout, il est là pour refléter toutes nos diversités.