Transnormativité

La transnormativité est un concept qui est intrinsèquement lié à la cisnormativité. Cette dernière maintient les identités cisgenres comme unique norme et marginalise par conséquent les transidentités. La transnormativité, par opposition, permet une normalisation de certaines transidentités, à condition que celles-ci rentrent dans des cadres spécifiques dérivés de la cisnormativité.

La transnormativité implique par exemple que de nombreuses personnes trans ressentent une pression qui les pousse à ressembler le plus possible à une personne cisgenre (à avoir un bon “passing”). Cette pression se manifeste dans de nombreuses sphères, telles que l’habillement (ne porter que des vêtements codés très masculin ou très féminin), le maquillage (les hommes trans n’auraient donc pas le droit d’en porter, les femmes trans seraient obligées d’en porter), mais aussi la pression à entamer une transition médicale (ou à continuer celle-ci) jusqu’à ce que son corps ressemble le plus possible à celui d’une personne cisgenre. Bien entendu, de nombreuses personnes choisissent de transitionner médicalement ou de modifier leur apparence de leur propre gré, et ce afin d’atteindre un point de confort dans leur manière de s’exprimer au monde. On ne parle de transnormativité que quand une pression externe joue sur la personne, la poussant à faire des choix qu’elle n’aurait pas faits dans d’autre circonstances, pour garantir qu’elle est une personne trans “normale” ou “acceptable.”

La transnormativité est également ce qui nourrit les discours dit “transmédicalistes.” Ceux-ci définissent la transidentité strictement comme un diagnostic médical : pour être trans, il faut ressentir une dysphorie de genre, qui sera ensuite diagnostiquée et traitée médicalement (via le processus de transition médicale.) Ces discours ne sont pas seulement soutenus par des praticien·ne·s du monde médical, mais également par des personnes trans ou queers elles-mêmes (parfois appelées péjorativement “truscum”). Ces dernières voient souvent d’un mauvais œil la rapide augmentation de personnes trans et non-binaires qui s’identifient publiquement comme telles mais ne souhaitent pas entamer de transition médicale, ou souhaitent une transition médicale qui “s’arrête” à un point ne correspondant pas à la norme des corps cisgenres (par exemple : suivre un traitement hormonal mais ne pas souhaiter d’interventions chirurgicales.)

Les mécanismes qui alimentent ces discours sont similaires à ceux qui sous-tendent l’homonormativité. L’idée est que les personnes trans sont (ou doivent être) “comme les personnes cis”, que ce sont des personnes “normales” et que c’est en prouvant cette normalité qu’elles obtiendront de nouveaux droits (comme par exemple l’accès au changement de genre ou de prénom à l’état civil.)

À l’opposé des discours transnormatifs et transmédicalistes, on retrouve ceux qui affirment la diversité des transidentités et des parcours trans, que ceux-ci soient médicalisés ou pas. Les résultats d’une enquête canadienne 1 montrent, par exemple, que 12% des jeunes personnes trans interrogées ne souhaitent pas suivre une transition médicale, et 16% sont indécis·es par rapport à la question. Ceci ne signifie en aucun cas que ces jeunes ne sont pas “réellement trans” ou sont victimes d’un effet de mode. À la place, iels nous invitent à remettre en question la binarité du genre, que celle-ci concerne l'opposition entre masculin et féminin ou celle entre identités cisgenres et transgenres.

Merci à Emmanuel Hennebert du collectif Let's Talk About Non-binary pour son aide à la rédaction de cet article.

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